En 1974 à Rome, répondant à la question d'un
journaliste italien, Lacan prédisait le triomphe de la religion, il précisait
la vraie religion, la Romaine. Depuis nous étions enclins à considérer qu'il
s'était trompé et qu'au temps des échanges généralisés, c'est l'objet qui
triomphait. La religion avait perdu en même temps que déclinaient les Noms-du-Père,
Freud ayant dès le départ de son élaboration lié la fonction, le rôle et la
figure du Nom-du-Père à la tradition judéo-chrétienne.
En 1974 à Rome, répondant à la question d'un
journaliste italien, Lacan prédisait le triomphe de la religion, il précisait
la vraie religion, la Romaine. Depuis nous étions enclins à considérer qu'il
s'était trompé et qu'au temps des échanges généralisés, c'est l'objet qui
triomphait. La religion avait perdu en même temps que déclinaient les Noms-du-Père,
Freud ayant dès le départ de son élaboration lié la fonction, le rôle et la
figure du Nom-du-Père à la tradition judéo-chrétienne.
Force est de constater que la religion n'a pas dit
son dernier mot, et cela non seulement dans les zones géographiques où l'Islam
est pratiqué ; le président des États-Unis d'Amérique prête serment sur la
Bible, le président de la République française quant à lui parle de religion au
cours d'un discours politique, faisant tout de suite resurgir la question de la
séparation de l'Église et de L'État et le Pape réussit à réunir de nombreux
jeunes du monde entier au cours de grands rassemblements.
Récemment Obama tenait un grand discours, au
Caire, lui, pas à Rome, où il évoquait non seulement la question des pays
musulmans, citant les grands textes religieux y compris le Coran dans le texte,
où il évoqua aussi ses propres références religieuses.
Les tragiques événements d'Iran font à nouveau
surgir de façon aiguë les rapports du pouvoir politique et de la religion, et
ceci d'une façon plus complexe qu'il n'y parait. Le candidat vaincu aux
élections pour la présidence de la République islamique ne demande pas la
suppression de celle-ci. La courageuse opposition qui manifeste dans la rue
est-elle de celle qui annonce la démocratie ou de celle qui souhaite un retour
aux sources de l'arrivée au pouvoir en 1979 de l'ayatollah Khomeiny, mais dont
le projet aurait été dévoyé ? Les protestations sont-elles de nature
réformiste et pro-occidentales comme le proclame le pouvoir religieux et
politique ou vont-elles dans le sens de la République islamique dont le projet ne
serait plus dévoyé cette fois-ci, et au bout du compte ne représenteront que
peu de changement ?
Le changement souhaité est peut-être celui de la
démocratie à la place de l'autocratie, et que ce qui est condamné est un régime
autoritaire, mais ce ne sont ni la religion ni une république islamique et qu'aux
yeux des citoyens le pouvoir aurait surtout usurpé l'Islam.
En Russie l'association des huissiers de justice
vient de passer un contrat avec le pouvoir religieux pour que les popes
orthodoxes s'occupent du recouvrement des dettes financières des gens. Ce n'est
pas un canular, les premières expériences ayant été très concluantes...
La religion n'est peut-être pas seulement une
Illusion comme le pensait Freud, mais surtout, comme l'ajoutera Lacan, elle
peut donner du sens. Elle peut même donner du sens à tout, y compris aux grands
bouleversements que provoque la science.
La religion s'entend très bien avec la science,
elle est peut-être même la seule à pouvoir donner du sens au réel qu'ont permis
les avancées de la science et qui se révèle de plus en plus difficile à
supporter, les menaces concernant notre vie et la planète soulevant plus
d'inquiétudes que d'espérance.
La religion, se dévoilant comme une grande
pourvoyeuse de sens, serait-elle alors en train de triompher ?