13 -14 mars 2004 à Grenoble
SOMMAIRE
Sommaire .......................................................................... p. 1
Argument .......................................................................... p. III
Vers une médecine libérale contrainte .............................. p. 1
Sophie Palenciano
Gestion industrielle des blocs opératoires......................... p.7
François Defaux
Médecine de prévention, médecine de travail:
injonction paradoxale........................................................ p. 15
Isabelle Maure
La mise en fiche de l'enfant .............................................. p. 21
Anne Enot
La médecine par les preuves résume-t-elle la pratique ? .. p. 29
Jean Pellet
Avons-nous les moyens de notre médecine ?................... p. 35
Bernard Rougier
Médecin, gardien du désir de vie ...................................... p. 43
Jean-Luc Pesenti
Questions autour de la rationalité technologique.............. p. 53
Christine Gintz
Incidence de l'enseignement actuel sur la relation clinique....................................................... p. 65
Jérôme Lebaud
MUTATION DANS LA PRATIQUE MEDICALE
13 -14 mars 2004 à Grenoble
Depuis quelques décennies la pratique médicale s'installe dans un malaise allant en s'accentuant. Les médias toujours réducteurs présentent d'un côté les grandioses victoires du progrès, et de l'autre les conflits d'ordre économique, établissant un lien commode de causalité de l'un à l'autre. Notre appréciation nous conduit à suggérer que la médecine dans son ensemble subit une profonde mutation et que cette dernière est d'une autre nature.
A l'origine la médecine se définissait comme étant l'exercice d'un art: celui du diagnostic et de la thérapeutique. Cette pratique exigeant une relation étroite avec le malade était une fonction souveraine ne reconnaissant que deux maîtres: la douleur et la maladie d'un côté, la restitution si possible ad integrum de fonctions organiques et la guérison de l'autre. Soulager l'homme de sa pathologie était une mission quasi sacrée exigeant tous les moyens à disposition garantie de moyens non de résultat).
Le glissement sémantique introduit par l'OMS en 1978, à savoir la santé pour tous comme finalité, laissait présager un bouleversement non seulement conceptuel de la mission médicale mais surtout une extension sans limites assignables à son champ d'action et à ses moyens. Ainsi le progrès technologique avec ses incidences positives, négatives et sa complexification, l'immixtion d'un pouvoir politico-économique avec sa tendance réglementaire, les politiques de prévention, la médicalisation excessive des phases non pathologiques de la vie, une scientifisation outrancière de l'acte médical, l'extension généreuse et systématique d'un droit à la santé à toutes les catégories économiques, enfin la pression d'une demande sociale privilégiant le bien-être accompagnent et amplifient ce glissement sémantique. L'avenir de la médecine se dessine-t-il comme une société de service face à des consommateurs ?
Quelques indices et certitudes liés à notre pratique suggèrent cependant qu'une vie, même dite de qualité ne saurait être réduite à la seule dimension du bien-être et que paradoxalement ce souci exclusif de bien-être conduit à la déshumanisation de la médecine dans son ensemble. Le bilan de cette mutation permettra-t-i1une démarche et une pratique plus éclairées?
Docteur Jean-Paul HILTENBRAND
Docteur Edith PION
Docteur Bernard ROUGIER
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