Clinique psychanalytique
Le refoulement aujourd'hui
- Par POUGET-DOMPMARTIN C.
Introduction aux journées d’étude de Chambéry des 20 et 21 septembre 2008
Nous allons donc consacrer ces journées d’étude au refoulement aujourd’hui. Comme vous avez sous les yeux la liste des différentes interventions, vous aurez remarqué qu’à deux reprises, il est question du… paradis. Alors, dans quelles délices, c’est-à-dire tout aussi bien dans quelles affres nous a plongé cette question dès lors que nous avons décidé de la mettre au travail, voilà ce que je me propose de vous présenter très rapidement en guise d’introduction.
Un refoulement égalitariste ?
- Par REY SENTENAC F.
Je voudrais essayer de rendre compte des questions que me posent la clinique des femmes au regard d’un discours, celui qui s’est mis en place depuis le XVIIIe siècle maintenant, discours qui met l’égalité en point de mire, en idéal de transformation de la vie sociale et plus précisément le discours à propos des femmes. Il y a là un refoulement imposé par ce signifiant qui fait office d’idéal. Avoir les mêmes droits, être de conditions égales : voilà ce qui est recherché comme venant corriger ce qui avait prévalu jusque-là.
Refoulement et affect
- Par AREL P.
Pourquoi refoulons-nous ? Nous refoulons pour nous éviter des surcroits d'excitations pulsionnelles qui viendraient perturber le bon fonctionnement de notre corps. Mais si nous en croyons Freud, l'efficacité de ce mécanisme pour nous éviter ce type de désagréments est toute relative puisque nous refoulons le représentant de la représentation de la pulsion, alors que les quantités d'énergie pulsionnelle afférentes ne vont pas être refoulées, mais détachées de la représentation et éventuellement transformées en sentiments contraires, voire même en angoisse.
Naissance du sujet. Grammaire et conjugaison
- Par JANIN DUC D.
Texte présenté au Centre Hospitalier de Saint-Egrève, le 5 décembre 2008 au cours d'une journée d'étude organisée par la PPPIJ intitulée « Les couleurs du temps »
Pour cette journée dont le thème est centré autour des couleurs du temps, je vais chercher à définir quelles sont les modalités nécessaires qui vont permettre à un sujet d'entrer dans une temporalité et une histoire. C'est la raison de mon titre : naissance du sujet.
Pour que cette naissance ait lieu, c'est-à-dire pour qu'un être humain devienne sujet de sa parole, il faut un certain nombre d'opérations qui nouent l'organisme du bébé à sa parole encore à venir, et qui auront un effet de temporalité : c'est cela que je nomme grammaire et conjugaison.
Que se passe-t-il de la naissance biologique jusqu'à la naissance du sujet, jusqu'au moment où un enfant devient acteur de sa parole ?
... je mâche et je remâche le monde.
- Par RUEFF J.-P.
Texte présenté au groupe de travail sur les troubles d’apprentissage
J'ai intitulé mon exposé La disparition du corps dans l'enseignement. La question peut être entendue dans tous les sens, c'est-à-dire la disparition du corps dans les apprentissages, du côté de l'élève, disparition du corps de l'enseignant, ou même disparition de ce qu'on appelait le corps enseignant.
Introduction aux journées : "Anorexie-boulimie : Clinique, logique, traitement"
- Par CACCIALI J.-L.
Quand j'ai demandé le titre de son intervention à Charles Melman, il m'a d'abord répondu en me demandant quel était le mien. Je lui ai dit que j'introduisais les journées, que cela serait mon titre mais j'aurais pu proposer "Une féminité transmise par les femmes" et dans la perspective de tenter de rendre compte de l'augmentation de fréquence de cette clinique chez les femmes, c'est-à-dire que des femmes qui n'étaient pas concernées auparavant le sont actuellement, que ce ne sont plus seulement les jeunes filles qui le sont avec notamment la forme classique de l'anorexie de la jeune fille. Aujourd'hui, les hommes le sont aussi, sans que cela ne soit forcément du registre de la psychose, comme cela était souvent le cas auparavant. Quand il y avait une anorexie chez un jeune homme, il fallait tout de suite penser à la question de la psychose, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.
Texte de Josée Lapeyrère
- Par LAPEYRERE J.
Journées de Grignan sur le désir d’écrire, juin 2006
Notre amie et collègue Josée Lapeyrère est décédée le 28 décembre 2007. Elle était psychiatre, psychanalyste membre de L'Association Lacanienne Internationale et poète. Engagée dans la pratique poétique et dans la pratique de la psychanalyse, elle avait trouvé dans la topologie lacanienne la rigueur et l'appui qui lui permettaient de rendre compte de l'acte poétique et psychanalytique.
Voici un texte qu'elle avait prononcé en juin 2006 aux journées de Grignan sur le désir d'écrire, qui traite avec bonheur du transfert et du refoulement.
Janin Duc D.
Autour du transfert symbolique
Journées d’études de l’ALI à Nancy Où en est-on avec le transfert ? les 25 et 26 septembre 2004
Je partirai de ce point, en forme de question : en quoi consiste une cure ? Je dirai qu’il s’agit de quelqu’un qui se met en disposition d’apprendre la langue de l’Autre. Il se met en disposition d’apprendre la langue de l’Autre, du grand Autre bien sûr, parce qu’il souffre dans la langue qui est la sienne et que ce changement de langue peut se définir comme étant l’amour tel qu’on le conçoit à partir de l’expérience analytique.
Je vais donc parler de ce qui me paraît essentiel sur le plan structural dans le sens où il nous faut tenter de repérer à partir de quoi, sur quels faits repose cette dimension symbolique dont je souhaitais parler comme l’indique mon titre. L’autre question est de savoir ce que nous amène le repérage de cette dimension symbolique ?
L'enfant psychotique est-il lettre volée (1) ?
- Par LAZNIK M.-C.
Essai d’approche de ce qui s’articule autour d’un enfant psychotique en institution, par le biais de la formalisation proposée par Lacan dans La lettre volée
Autour de l'enfant psychotique, dans une institution, un certain nombre de scénarios se jouent, inlassablement. Longtemps je m'étais interrogée sur leur nature, j'avais essayé d'en saisir les rapports structuraux. Ces questions qui m'agitaient avaient surgi, quand, jeune analyste, j'avais été travailler dans un petit service de pédo-psychiatrie qui venait d'ouvrir et avait pour vocation de s'occuper de jeunes autistes, ou de psychoses infantiles graves.
Une communauté d'hommes, une communauté de femmes.
- Par CACCIALI J.-L.
Pour Freud le malaise dans la civilisation est lié aux embarras et aux échecs de toute réalisation sexuelle et Lacan y situera ce qui pour lui constitue l'impossible qu'il énonce d'une formule : il n'y a pas de rapport sexuel. Dans ce champ des rapports entre les hommes et les femmes il n'y a pas d'harmonie puisque ce n'est qu'au titre du signifiant, c'est-à-dire du semblant, que l'on peut se dire homme ou se dire femme.
Pater certus
- Par CACCIALI J.-L.
Si le droit s'appuyait classiquement sur l'adage « mater certa, pater incertus », à partir de 1972 le critère de filiation présumée par le père aura perdu pour nous son caractère légal. Au sujet de ce dernier, Freud citait Lichtenberg dans une note de « L'homme aux rats » : « L'astronome sait à peu près avec la même certitude si la lune est habitée et qui est son père, mais il sait avec une toute autre certitude qui est sa mère », et Freud ajoute que ce fut un grand progrès de la civilisation lorsque l'humanité se décida à adopter, à côté du témoignage des sens, celui de la conclusion logique, - passant du même coup du matriarcat au patriarcat. Conservant aujourd'hui ces termes freudiens, certains constatent ainsi que nous assistons à une émergence du matriarcat.
Appel de l'association PréAut
- Par ASSOCIATION PREAUT
Avant que vous puissiez lire l'appel que nous envoit l'association PREAUT, je me permets de venir ici vous expliciter d'où notre association est partie et à partir de quelle clinique elle s'est autorisée pour lancer cette recherche qui aujourd'hui rencontre des difficultés pour aboutir.
En 1998 est née L'association PRE-AUT au domicile de Charles Melman.
Un des buts de cette Association était (est) de travailler dans le sens de la prévention à partir de signes précurseurs du syndrome autistique chez les bébés .
Une des personnes les plus engagées dans ce projet n'est autre que Charles Melman lui même avec, comme instigatrice, Marie- Christine Laznik.
Le temps de l'échec peut-il toujours se symboliser ?
- Par JANIN DUC D.
La rencontre d'un psychanalyste avec des couples, des femmes et des hommes ayant recours à une demande d'aide médicale à la procréation, lorsqu'ils sont adressés par une équipe de PMA (procréation médicalement assistée) se fait sous des auspices particulières : la demande de rencontrer un psychanalyste ne vient pas forcément d'eux ; elle peut aussi venir du médecin qui les reçoit, ce qui amorcera le travail de différentes manières : soit les personnes sont déjà engagées dans un questionnement et un transfert à leur médecin, qui soutient cette démarche ; soit elles viennent parce qu'on leur a dit, et la parole risque d'avoir du mal à se dérouler.
Quelques remarques à propos des jeux vidéo pour la jeunesse
- Par LETUFFE G.
Nous nous trouvons dans un contexte social où la loi consumériste fonctionne semble-t-il à plein rendement, les objets de consommation offerts à notre jouissance et produits par le « discours technoscientifique » sont de plus en plus nombreux et viennent métonymiquement se substituer à cet objet perdu, condition de notre subjectivité, d'une manière qui apparaît de plus en plus accélérée au point où nous avons l'impression d'en perdre la tête!
Au-delà de l'angoisse
- Par AREL P.
Parmi les fréquentes critiques faites à la psychanalyse, deux lui reviennent, plus particulièrement des neuro-sciences, à savoir que la psychanalyse ne prendrait pas en compte l'organique, le corps, et d'autre part qu'elle n'aurait pas le souci du thérapeutique ni de la souffrance des patients. Ces critiques, fondées sur une certaine conception du soin, dans laquelle le corps, le biologique, occupe une position centrale, ignore le plus souvent la place que la psychanalyse donne au corps, comment elle prend en compte la souffrance de ceux qui s'engagent dans une cure psychanalytique, et la voie qu'elle leur propose pour s'en dégager.
De l'idéogramme à la lettre, De l’œil à l'oreille : Passages et invention
- Par JANIN DUC D.
L'écriture, et ses supports, est une invention que l'on peut dater, repérer, interpréter dans ses différentes modalités ; c'est aussi une aventure individuelle, à chaque fois recommencée. Il est intéressant, pour une psychanalyste de penser une confrontation entre des évènements historiques et sociaux et les événements singuliers, auxquels les analysants, qu'ils soient enfants ou adultes, ont affaire dans leur propre histoire : chacun n'est-il pas amené à marcher dans les pas de ceux qui l'ont précédé, et à franchir à nouveau les étapes qui furent celles de l'humanité pour inventer les signes magiques de l'écriture ?
Amour, don et transmission
- Par AREL P.
Notre monde, notre société, manque de générosité ! Lorsque cette plainte surgit, elle précède de peu l'invitation à un renchérissement du côté de la justice et de la solidarité, et donc à en remettre un peu plus au pot, à en rajouter du côté d'une oblativité qui a bien un effet sur notre malaise social, mais qui n'est pas tant de réduction que de déplacement, ne serait-ce que parce que le don solidaire n'est jamais considéré comme le bon. Cette insatisfaction qu'il génère ignore superbement la richesse du don. Prenons cette formulation, plutôt inattendue, de Lacan, « L'amour, c'est donner ce qu'on n'a pas. » Voilà qui nous déplace autant sur ce que nous croyons savoir de l'amour, que sur ce que les verbes donner et avoir signifient.
Comment ne pas être chassé du Paradis
- Par CACCIALI P.
La pudeur est cette sorte de discrétion, de retenue, de modestie qui empêche de dire, d'entendre ou de faire certaines choses sans embarras.
Je partirai de la remarque suivante : pourquoi nous heurtons-nous parfois, avec les enfants, à une absence de pudeur - tant dans le discours des parents que dans la gestuelle entre l'enfant et ses parents ? Qui ne s'est trouvé, dans sa pratique clinique, confronté lors des premiers entretiens à l'attitude pudibonde dans le discours de l'enfant alors que dans le même temps il s'accrochait à la jambe de sa mère dans une activité des plus intimes ?
Nous avons souvent pu soutenir qu'il s'agissait parfois, dans les premiers temps, de faire advenir chez les tous jeunes enfants quelque chose qui pourrait s'apparenter au surmoi, voire qui ressemblerait à du refoulement. Mais pourquoi au surmoi : s'agit-il d'analyse, d'éducation ou bien encore de pédagogie ?
La fonction de la jouissance dans la constitution du sujet
- Par JANIN DUC D.
Journées de Reims - 24 et 25 septembre 2005
C'est avec le fonctionnement pulsionnel que je peux aborder cette question, puisque ce fonctionnement articule dans le troisième temps du circuit pulsionnel, jouissance et sujet.
Lorsqu'on lit Lacan dans le séminaire XI sur le circuit pulsionnel à partir de ce que dit Freud, l'accent est mis sur le « se faire », se faire objet pour l'Autre qui, de ce fait, devient sujet d'une adresse, d'une offre. Ce troisième temps est en fait, et c'est ce qui le différencie des deux autres, entièrement relationnel, c'est-à-dire qu'il est adressé à l'Autre dans un registre qui déjà opère une sorte de nouage Réel, Symbolique et Imaginaire ; une sorte, parce que ce nouage-là n'est pas encore articulé par l'enfant lui-même.
Désir d'aujourd'hui
- Par CACCIALI J.-L.
Journées de Milan - 17 et 18 septembre 2005
La psychanalyse essaye de mettre un peu d'ordre en ce qui concerne les rapports de l'un et l'autre sexe. Pour rendre maniable, articulable, ce à quoi nous avons affaire, Lacan va donner à cette articulation une référence logique. Pendant plusieurs années il va élaborer dans son séminaire ce que l'on appelle le tableau de la sexuation qui sont les formules logiques de la sexuation. Elles cherchent à rendre compte logiquement d'une façon différente de désirer pour une femme et pour un homme Mais aujourd'hui, l'idéologie égalitaire pousse à ce qu'il y ait une symétrie dans les modes de subjectivation du désir.
L'inconscient, un savoir sans sujet
- Par AREL P.
Séminaire d'été - Paris - 27 au 30 août 2005
L'acte psychanalytique, séminaire de J. Lacan 1967-1968
Mon propos va partir d'une formulation qui m'a arrêté tout net dans ma lecture de ce séminaire, formulation qui est la suivante : « Qu'il y ait de l'inconscient veut dire qu'il y a du savoir sans sujet ». Cela m'a arrêté tout net, puisque j'ai pu comme beaucoup d'entre nous parler du sujet de l'inconscient, notion que cette formulation infléchit, voire même remet en cause.
Histoires de famille. Réflexions en lisant la Genèse.
- Par WENIN A.
Journées de Turin 21-22 mai 2005
La conception de la famille qui est entrée en crise en Occident a été modelée en bonne partie par le discours du christianisme. Celui-ci se revendique implicitement de la Bible pour soutenir un idéal de vie de couple et de famille. Que n'entend-on dire dans les églises le dimanche qui suit Noël, dimanche dit « de la sainte famille » ?
Pourtant, les récits bibliques où la famille est racontée, en particulier dans la Genèse, n'ont rien d'une description idyllique. Ils racontent plutôt la réalité, dans des récits stylisés où certains traits ressortent avec force.
Vers quelle famille
- Par SORMANO E.
Journées de Turin 21-22 mai 2005
Les transformations que la famille a subies durant ces dernières décennies — séparations, divorces, familles de fait, familles monoparentales, procréation médicale assistée, pour n'en citer que quelques unes — sont au vu de tout le monde et suscitent des attitudes opposées : d'une part, on réclame une libéralisation encore plus ample de la famille, et d'autre part on déplore la perte des valeurs que la famille incarnait et l'on regrette celle du « bon vieux temps ».
Famille à charge
- Par MILETTO R.
Journées de Turin 21-22 mai 2005
Tout ce que j'ai pu entendre dans le cadre de mon travail avec les jeunes ou les parents de familles « normales » est une source de références pour cette réflexion sur la famille. Les transformations les plus frappantes de la famille risquent en effet non pas de faciliter mais de rendre difficile la compréhension des phénomènes de mutation en cours, dont nous ne percevons, de notre point de vue, que la face la plus obscure, à savoir celle d'un symptôme fait de mal-être et de souffrance.
AUTREMENT
- Par JANIN DUC D.
Le CPIJ, Centre de Psychiatrie Infanto Juvénile, situé au sein de l’hôpital de Saint Laurent du Pont tout près du monastère de la Grande Chartreuse est un service d’hospitalisation psychiatrique recevant des jeunes autistes et psychotiques lorsque ceux-ci ne peuvent plus rester dans leurs familles ou dans les institutions qui les reçoivent du fait de l’aggravation de leurs troubles et de leur comportement. Ils viennent donc d’hôpitaux de jour ou d’IME de la région.