Clinique psychanalytique
Sommes-nous mal barrés ?
- Par AREL P.
Je vais repartir pour cette dernière soirée de l’année sur un point de notre débat qui fait écho à d’autres travaux au sein de l’association lacanienne, à savoir la place que nous pouvons donner à ce que nous appelons depuis Freud la castration. L’exposé de Jean-Luc Cacciali nous a amené à nous interroger sur la place que peut tenir un sacrifice pour les hommes et les femmes, sacrifice dont il s’entendait bien qu’il s’agissait de la castration. Il nous a invité à examiner la question de savoir si la rencontre entre un homme et une femme peut se faire autrement qu’en passant par ce qu’il a appelé un sacrifice commun, la castration.
Tout en souscrivant à ce questionnement qui revient à dire qu’hommes et femmes ont affaire à la castration, il m’est apparu que je pouvais avoir quelques réserves sur cette proposition. Je peux aujourd’hui formuler un peu plus précisément ces réserves qui portent sur deux points. La première est sur ce rapport à la castration. S’il est indéniable qu’hommes et femmes ont affaire à la castration, même si c’est bien souvent sur un mode défensif, les modalités de rapport à la castration sont bien différentes du côté homme et du côté femme. La deuxième est sur ce terme de sacrifice lorsque nous parlons de la castration. En effet si la castration implique une perte, qualifier cette perte de sacrifice nous renvoie au cœur de notre débat de cette année concernant notre rapport à l’Autre, dont les modalités sont différentes selon que nous nous adressons à un Autre non barré ou à un Autre barré.
UNE POMME BIEN CAPRICIEUSE...
- Par Marc MORALI
Une des figures les plus utilisées pour donner une idée du Réel est celle de la chute d’un objet, entrainé par une force invisible aussi bien qu’imparable. Le mot Tomber décrit un mouvement d’un supposé HAUT vers un non moins supposé BAS, orientant alors et l’espace et l’imagination qui situe hors-regard l’hypothétique agent de cette force. Et le parlêtre pare alors cet agent occupant cet espace dit au-delà d’un pouvoir conséquent, ce qui colore le verbe tomber d’une enveloppe imaginaire… « Ce qui tombe du ciel est béni », ou encore : ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire !
La science, après Newton, pourtant nous suggère la possibilité d’une pomme plus capricieuse : supposons une pomme dont la masse serait supérieure à celle de la terre : si nous lâchions la pomme, c’est la terre qui monterait à sa rencontre ! Ce qui, de s’écrire, devrait remettre le mot tomber à sa juste place. Et pourtant ! Lorsqu’un savoir apparait dans le réel, il est impossible de ne pas lui prêter un sujet !
C’est ce qui arrive à ce personnage de dessin animé nommé par ses auteurs Coyote, un incorrigible prédateur mu par un instinct irrépressible qui lui désigne comme proie naturelle un nommé Bip-Bip, une sorte de canada-dry d’oiseau : il en a l’appétissante apparence mais introduit dans le monde du coyote ce que l’on peut appeler une véritable trahison de cette force pourtant jusque-là tout à fait fiable… c’est en tout cas ce que même Lacan aurait promis : Le Réel revient toujours à la même place ! Ce qui n’est pas sans produire une certaine désorientation. Ce qui ne cesse pas, de ne pas s’écrire !
Le pas-tout dans les apprentissages et le séminaire Encore
- Par FOMBONNE O.
« Ce n’est pas la peine de faire tout ça ! », mais justement, ce n’est pas « tout ça », justement c’est « pas tout », la question de pas tout phallique. Qu’est-ce qu’il en serait de l’usage que l’on pourrait faire de la division, du doute, de la temporisation dans le lien social ? Imagine-ton la violence des paroles reçues, quand elles sont adressées dans le pour tout, d’une position de maître, la violence de S1, qui souvent s’ignore, tellement affine avec la pulsion, et qui ne se fend pas d’une place dans un discours ? Une place de retenue, une place qui aménage celle de l’autre, dans un discours lui-aussi. Violence bien sûr pour celui qui reçoit cette parole. Quel exercice difficile de la parole adressée à l’autre, quand il s’agit de ménager un espace tiers, en creux, en interrogation, c’est-à-dire de supposer un sujet, et qui nécessite pour cela une temporisation, une retenue, un décentrement, mais qui serait porteur de vie. Savoir que l’on ne sait peut-être pas. Interroger le savoir, le savoir insu. Le discours analytique à l’usage du lien social peut-il nous y aider, avec la difficulté que ce mathème produit lui-même une infinité de signifiants uns, bien souvent à l’insu de l’agent ? Mais tous les signifiants-maîtres n’ont pas pour le destinataire d’un discours une valeur de claque.
Joyce et Nora : un vrai couple ?
- Par REY SENTENAC F.
24-25 mars 2023 à Rome
Nora et le façonnage du réel
Je voulais d’abord remercier les organisatrices et les organisateurs de m’avoir invitée et ainsi me permettre de poursuivre un travail que j’avais amorcé sur Nora en m’appuyant principalement sur la biographie de Brenda Maddox. Et poursuivre un questionnement sur la place qu’avait tenue Nora auprès de Joyce mais aussi ce qu’avait pu être sa place, son espace dans cette vie commune qui a duré quand même 37 ans.
Et poser la question de cette manière : quelle altérité pour Nora ? Quelle aurait été la nature de cette altérité et quels ont été les effets dans sa vie, sa vie et sa vie familiale. Comme analyste actuellement, il me semble que la rencontre avec une femme interroge au-delà des symptômes présentés, interroge sa demande d’altérité.
Savoir et non savoir dans la cure
- Par CORON O.
Cycle de conférence de psychanalyse, Gap, janvier 2023
Je voudrai commencer cet exposé par une petite anecdote qui m’est arrivée il y a plus de trente ans, alors que j’avais ouvert mon cabinet et que je recevais mon premier patient ; il s’agissait d’une dame et sans entrer dans les détails de ce qui l’avait amené, il s’est passé la chose suivante c’est que je ne comprenais absolument rien à ce qu’elle me racontait ! J’étais dans le brouillard le plus complet, ses phases étaient compréhensibles, elle ne délirait pas mais j’étais dans le plus grand embarras pour saisir de quoi il en retournait.
Le refus du réel, Réunion préparatoire du 29 juin 2022
- Par AREL P.
Parler de refus du réel peut nous sembler une aporie. Dans la mesure où le réel est considéré comme ce qui échappe à la représentation, nous pouvons légitimement nous demander comment il est possible de le refuser, ce refus supposant que d’une manière ou d’une autre nous puissions le prendre en compte, lui donner une place ? Il apparaît, au décours de nos débats, que de prendre le réel par la négative, et tout particulièrement par le refus, peut nous permettre d’avancer sur les questions qu’il nous pose.
Déjà, parler de refus du réel nécessite d’entendre les deux génitifs objectifs et subjectifs, à savoir le refus que nous pouvons opposer au réel, mais aussi le refus que le réel oppose à la représentation d’une réalité, ou encore au discours du maître.
Pour commencer par le refus que nous opposons au réel, refus de lui donner une place, quelle meilleure porte d’entrée avons-nous que celle du symptôme ? Certes le symptôme est ce qui nous mène au plus près du réel, en franchissant la barrière du bien c’est-à-dire du principe du plaisir pour nous mener vers la Chose, mais il est d’abord, comme Lacan le dit dans son séminaire sur l’angoisse, une jouissance. Et en tant que jouissance, il n’est pas un appel à l’Autre, il n’est pas un appel à un transfert, ni à la lecture.
L’amer, la fille, l’hombre
- Par CROISILLE M.-H.
D’où naît le désir d’une mère ? parfois, du large de cette mer lointaine et froide, de celle que l’on rencontre dans le grand nord, glacé, celui des pôles et des terres gelées presque infertiles, de contrées désertées de tout verbe dans le profond silence des organes qui signerait une santé... de fer, d’un fer rougi et chauffé de blancs, de trous dans le texte et qui ont néanmoins eu fonction de faire traces, mémoires, vestiges, marques rouges brûlantes et vagissantes sur cette déserte étendue virginale de neige cristallisée, triste lande éternellement dépeuplée d’ancêtres aptes à bâtir une lignée qui se tienne, soutienne et retienne un parlêtre de ce côté-ci des vivants plutôt que de celui possiblement sans retour des presque mort-nés.
D’un inconscient réel à l’inconscient comme effet d’un réel
- Par CORON O.
« L’inconscient, c’est très exactement l’hypothèse qu’on ne rêve pas seulement quand on dort »
Jacques Lacan « Le moment de conclure » 15/11/77
Cycle de conférences de Psychanalyse, Gap, octobre 2021
Alors pour commencer, je voudrais tout d’abord vous faire part de la préoccupation qui m’a habité durant l’écriture de cet exposé : celle de ne pas tomber dans ce que Lacan appelait « le discours universitaire », c’est-à-dire quelque chose de consistant, sans trou, bien ordonné et sans énigme, pour la simple et bonne raison que si vous épinglez l’inconscient comme on épingle un papillon dans un cadre, on ignore alors tout de son vol.
Le souci, c’est que si vous êtes modernes, vous baignez dans la rationalité, vous préférez la lumière à l’ombre et le concret à la métaphore, vous voulez savoir où vous mettez les pieds, l’esprit poétique, les ellipses, les énigmes, c’est bon pour les magazines de jeux, l’été sous les parasols. Aujourd’hui, qui supporterait le style de Lacan ? Qui supporterait d’assister à un séminaire où l’orateur est quasiment incompréhensible ? Cela paraît banal comme ça mais c’est capital, c’est capital parce que cela témoigne notamment que notre rapport au langage a changé et la conséquence de cela, c’est notre moins grande disponibilité à la surprise, au bizarre, à l’espace poétique qu’offre la parole. L’un d’entre vous fait-il des mots croisés ? L’un d’entre vous lit-il encore de la poésie ? Qui ici connaît un poète vivant ? Il en existe pourtant mais plus personne ne les lit, songez que presque deux millions de Français ont suivi le cercueil de Victor Hugo…
T’en fous pas de l’écrit
- Par CACCIALI J.-L.
Hier soir lors de notre réunion de bureau de l’association, Jean- Paul Hiltenbrand rappelait la question de l’écrit et le peu de travaux à ce propos. Je vous propose donc ces quelques remarques d’après-coup.
Il y a eu des journées de travail en 1999 de L’association freudienne internationale, il y a effectivement déjà longtemps, dont le thème était : La parole et l’écrit tels que la psychanalyse les révèle. Jean-Paul Hiltenbrand avait parlé de L’écrit dans la parole, pour ma part j’avais traité de Parole parlée et parole écrite dans une cure d’obsessionnel.
L’écrit qu’il nous faut distinguer de l’écriture. Et le poète peut nous en donner l’idée. Mon titre fait référence à un débat entre poètes au sortir de l’occupation allemande, poètes engagés au Parti communiste français. Ou quand c’est la rhétorique qui est une arme en ces temps de décolonisation.
De la pratique de l’analys(t)e dans le champ de "l’analyse de la pratique" : quelle fonction pour quels enjeux ?
- Par AUGER Stéphane
Je propose de mettre au travail cette année la question de l’intervention de l’analyste dans le champ institutionnel autour de ce qu’il est coutume d’appeler « l’analyse de la pratique professionnelle » ou « supervision » (encore qu’il sera sûrement nécessaire de distinguer les deux). Ce champ là de notre pratique n’est finalement qu’assez peu pensé dans les institutions psychanalytiques.
Ce groupe de travail, je le souhaite ainsi aussi ouvert que possible, à partir tout de même de cette question qui devra faire pour nous orientation : « L’analyse de la pratique en institution ou association : quels enjeux autour de la fonction de l’analyste dans ce dispositif singulier où il est convoqué ? »
Conférence de Jean-Luc Cacciali : Perversion… ou addiction ?
- Par CACCIALI J.-L.
Grand Séminaire de l’ALI : La perversion, ou quoi ?
Mardi 25 février 2020
Claude Landman : Nous allons poursuivre ce soir la question qui a été mise au travail cette année dans le cadre du Grand Séminaire de l’ALI, c’est beau de dire ça, non ? Le Grand Séminaire de l’ALI ! Et cette question que vous connaissez tous : La perversion, ou quoi ?
Nous avons le plaisir d’entendre ce soir Jean-Luc Cacciali qui comme vous le savez vient de Grenoble, et qui nous propose une réponse à la question sous la forme d’une autre question. Perversion ou… ou addiction ? Dans le titre de son intervention, il met un point d’interrogation. Je dois te dire Jean-Luc, que nous sommes impatients de t’entendre sur ces questions éminemment actuelles.
Alors juste un mot pour dire que notre ami Thierry Roth est ce soir à la tribune. S’il est à la tribune, ce n’est pas seulement pour ses qualités propres, mais il a aussi écrit un livre qui vient de sortir, que j’ai commencé à travailler et qui est vraiment excellent, tout à fait clair sur l’addiction justement, les addictions, et qui s’intitule Les Affranchis.
Jean-Luc Cacciali : Lorsque nous avons posé cette question : La perversion ou quoi ? ce qui m’est venu immédiatement c’est : ou l’addiction ? Je ne sais pas si c’est simplement par assonance, ou peut-être que ce serait déjà une forme de réponse, mais trop hâtive ? La perversion ou… est-ce que l’addiction ne serait pas une étape différente ? Une étape ça indique un autre temps avec l’époque, ce qui est un peu le livre de Thierry. Je ne peux pas puisque Thierry est là, traiter directement de la question de l’addiction, je vais prendre simplement quelques points.
Déshérence de la parole
- Par CORON O.
Conférence donnée dans le cadre de l’introduction à la psychanalyse sur Gap
« La psychanalyse n’a qu’un médium : la parole du patient »
J.Lacan
Si la psychanalyse se veut une clinique du sujet et le cabinet de l’analyste le lieu sacré de la parole libre, protégée du brouhaha extérieur, force est de constater que les patients auxquels nous avons affaire aujourd’hui, ne sont plus tout à fait les mêmes que ceux que nous avons connu dans le passé. Aux symptômes d’hier prennent place de nouvelles plaintes, de nouvelles demandes et de nouveaux embarras absents de la littérature freudienne et même parfois lacanienne ; de plus, leur relation même à l’analyste, au cadre analytique est différente. Tous ces changements donnent corps à l’étrange formule de Lacan « l’inconscient c’est le social », étrange parce qu’on a spontanément l’idée que notre inconscient révèle le plus intime de nous-même et qu’il serait donc à l’opposé du social, du collectif.
Réels ?
- Par AREL P.
L’intitulé de notre thématique de travail, « le réel dans la vie et dans la psychanalyse » ouvre une question de taille qui est de savoir ce qui nous fait parler du réel comme un, ce qui s’entend lorsque nous disons le réel, et ce qui nous fait parler de réels au pluriel. Dans ce dernier cas nous supposons qu’il y aura un réel différent dans la vie et dans la psychanalyse, et même si nous voulons bien admettre qu’il y a des vies différentes, qu’il y ait autant de réels différents. Ce qui mérite tout particulièrement d’être questionné, comme nous l’avons fait dans nos précédents débats, est justement ce qui oppose un infini discret, ou des unités sont isolables, d’un infini continu. D’un côté il y a des unités discrètes, des ensembles qui fonctionnent comme un tout, un tout régi par des lois, et de l’autre l’infini continu nous empêche de définir des ensembles finis, des tous qui obéiraient à des lois.
Réels et Manques
- Par AREL P.
Il est important pour nous de considérer qu'il y a des réels, au pluriel, qu'ils soient les réels de la vie et de la psychanalyse, ou tout autres, comme vient de l'évoquer Alexis Chiari puisque c'est pour nous le meilleur moyen d'éviter toute forme de dualisme et de duellisme. Parler de réel est pour nous la meilleure façon de nous sortir de ces oppositions stériles et agressives qui font que des Uns s'opposent de façon symétrique. Nous considérons au contraire que le réel est le lieu de l'Autre et qu'il relève de l'infini continu, comme en parle Fabrizio Gambini dans son travail préparatoire, où il l'oppose à l'infini discret tel que nous le trouvons dans l'ensemble des entiers naturels. Il y a un incommensurable entre les entiers naturels et l'ensemble des nombres réels. Dans l'ensemble des entiers naturels, entre zéro et un, il n'y a rien, il y a un trou alors que dans l'ensemble des nombres réels, entre ces même zéro et un, il y a une infinité de nombres qui constituent une continuité entre zéro et un. Cela nous permet, mais c'est déjà une imaginarisation, de dire que le réel ne manque de rien, et par conséquent qu’il n'a rien à faire de nous, et que si nous voulons l'humaniser, c'est-à-dire faire en sorte que nous y trouvions une petite place, il nous faut pour cela recourir au symbolique et également à l'imaginaire.
De la folie maniaco-dépressive
- Par CHIARI A.
Mon propos part d’une interrogation : y a-t-il une continuité entre psychose maniaco-dépressive (P.M.D) et troubles bipolaires ou bien avons nous affaire à deux entités séparées qui se distinguent radicalement quant aux statuts et aux destins de l’affect et de la représentation ?
Il convient de revenir à la description de la folie maniaco-dépressive telle qu’Emil Kraepelin l’a spécifiée notamment dans la huitième édition de son grand traité de psychiatrie de 1913 où il en donne une clinique complète et définitive qui a fait référence jusqu’à la fin du siècle dernier. Emil Kraepelin n’est pas un auteur avec lequel nous entretenons une grande familiarité, mais c’est plutôt un monument de la clinique qu’il faut visiter ou tout du moins c’était encore le cas dans la formation d’un jeune psychiatre il y a peu.
Il se trouve que j’ai rencontré l’œuvre de Kraepelin il y a quelques années par l’intermédiaire d’un de ses textes et que ce fut un choc tant sa lecture est édifiante. Le texte en question s’intitule Cent ans de psychiatrie(1). C’est un récit sans concessions qui évoque en 1917 ce qu’a été l’aliénation mentale et son traitement, à tous les sens du terme, au siècle précèdent et ce que doit devenir la psychiatrie. C’est un témoignage sur l’inhumanité du sort réservé aux aliénés et un vibrant manifeste pour la création d’une psychiatrie clinique et scientifique. Il propose à cette occasion une série de réformes concernant le soin proprement dit et l’organisation des lieux d’accueil qui constitueront la base de la prise en charge moderne des patients.
Y a-t-il un pilote dans la mémoire ?
- Par CORON O.
Si l’animal est un être du présent, de l’ici et maintenant – ce qui n’exclut pas l’expérience du passé – l’homme semble être la seule espèce habitée par sa mémoire. L’espèce humaine baigne dans ses souvenirs, fouille les décombres de son passé pour se rappeler, pour revivre en esprit un plaisir, une souffrance ancienne, faite d’images et de mots. Ce que nous avons été, ce que nous avons vécu ; rappel de ce qui est enfoui dans les limbes d’une autre époque, nostalgie des amitiés, des amours disparues, façon de faire revivre ce qui est perdu à jamais, façon de combler l’absence.
Tel un festin posé au milieu d’une table, le souvenir est aussi une nourriture à partager avec ceux qui l’ont vécu ; se remémorer ensemble est un voyage que l’on propose sans quitter la pièce, un plaisir facile qui alimente le présent. Ce qui me lie aux autres, c’est autant ce que je vis maintenant avec eux, que la mémoire des moments passés, des émotions communes, trésor mutuel et qui fait qu’en nous, une part d’eux palpite dans la mémoire.
JOURNÉE INAUGURALE de l’ASSOCIATION LACANIENNE INTERNATIONALE MANOSQUE ALPES DE HAUTE PROVENCE Qu’est-ce que pourrait être une autorité qui serait bonne ?
- Par MELMAN C.
Organisateurs : Gisèle Bastrenta, JP Beaumont, Philippe Candiago, Noureddine Hamama, Maria Japas, Claude Rivet, Anne Videau
Argument : Peut-on dire que l’exercice de l’autorité a changé de texture ? Que ce soit dans le champ démocratique de la famille ou dans les soubresauts de la vie publique, sociale, économique et politique, les demandes individuelles et les différents groupes sociaux appellent et récusent dans le même mouvement une autorité toujours décevante. Y en a-t-il une qui serait la bonne ?
L’Association Lacanienne Internationale Manosque Alpes-de-Haute-Provence est fondée le 14 avril 2018, à l’initiative de Claude Rivet, Gisèle Bastrenta, Philippe Candiago et Maria Japas, dans l’engagement du respect des buts que l’Association Lacanienne Internationale – à laquelle elle est affiliée – a toujours poursuivis depuis sa création en 1982 par Charles Melman. Son but est de promouvoir la transmission, le développement et l’enseignement clinique et théorique de la psychanalyse, tels que Freud, Lacan, Charles Melman nous les ont transmis et tels que quelques autres le poursuivent. L’association s’inscrit dans le fil des conférences d’introduction à la psychanalyse à Manosque Ste-Tulle, initiées en 2008, qui ont permis que le discours psychanalytique trouve un lieu dans la parole, dans les rencontres et dans le tissage de liens de travail, dans le territoire de Haute Provence. Nous invitons toute personne intéressée par la psychanalyse à se joindre à nous et à venir participer à nos travaux.
Ch. Melman. Alors je vous apporte les éléments d’un travail en cours et qui doit trouver sa conclusion rapide dans une édition qui se fera à Rome en Italie. L’Italie étant sûrement le pays d’élection pour parler de ce qu’il en est de notre rapport à l’autorité, au pouvoir, et à notre évolution à l’endroit de ces instances.
Que peut dire la psychanalyse des diagnostics psychiatriques aujourd’hui, et qu’elle énonçait déjà clairement en 1916 ?
- Par Berté Philippe
La science médicale, celle qui a pour objet le corps, ne cesse d’affiner les diagnostics(1), via les analyses du biologique, du métabolisme, et grâce aux appareils d’observation informatisés de plus en plus sophistiqués. La neurologie se situe dans ce mouvement.
Le domaine de la psychiatrie, à l’inverse de la médecine du soma, ne peut être honnêtement qualifié de science. Alors que la psychiatrie du XIXe et du début du XXe siècle avait le souci d’une classification rigoureuse, et espérait établir des diagnostics à valeur scientifique, la psychiatrie d’aujourd’hui, et depuis l’apparition des neuroleptiques (antipsychotiques, antidélirant), des anxiolytiques (traitement de l’anxiété et des troubles du sommeil), etc., effectue une plongée dans le grand flou en ce qui concerne le repérage diagnostique.
La condition du sujet, c’est le manque
- Par CORON O.
Conférences d’introduction à la psychanalyse, Gap, octobre 2018
« On ne nait pas homme, on le devient » Erasme
Lors de la dernière leçon de son séminaire de 2016, Sujet, Savoir, Jean-Paul Hiltenbrand concluait les choses ainsi : « J’espère vous avoir convaincu du caractère labile, insaisissable, non qualifiable du savoir psychanalytique, à la différence des autres savoirs et connaissances auxquels vous êtes accoutumés […], on est d’ailleurs en droit de s’étonner que notre savoir, aussi ébréché soit-il, quand on le compare au savoir scientifique par exemple, que ce savoir ébréché ait une telle capacité de résistance dans le temps. Depuis 1895 il a été de nombreuses fois attaqué, dénigré, et pourtant il reste toujours un discours valide. C’est bien parce que ce savoir dégagé par l’analyse conserve anthropologiquement sa validité ».
Ce qu’il souligne là, c’est qu’il ne s’agit pas, dans le savoir psychanalytique, d’une idéologie fondée, par exemple sur une morale, ou des valeurs du moments, ou encore sur le fantasme des psychanalystes ; mais que son socle est congruent avec ce que l’anthropologie peut dégager de l’homme, ce qui fait sa condition, à savoir son inscription dans l’ordre du symbolique.
Harcèlement : une manifestation dans le registre de la haine
- Par ROUGEON M.
Selon les statistiques ministérielles1, 700 000 jeunes disent avoir fait l’expérience du harcèlement. Selon André Canvel, les enquêtes, qui existent depuis 2011, nous disent que 14 % des élèves du primaire, 12 % des collégiens, 2 à 3 % des lycéens se déclarent harcelés. Les garçons le sont plus fréquemment physiquement, quand les filles sont plus exposées au cyber-harcèlement, en particulier au collège. Ce chiffre revient à dire que 1 élève sur 10 est concerné, mais 5 % de la population scolaire est sévèrement et très sévèrement harcelée.
Depuis plusieurs années, les pouvoirs publics incitent les établissements scolaires à travailler main dans la main avec des associations, afin de développer des politiques de prévention à l’intérieur des élèves et des parents d’élèves. J’ai eu à réfléchir avec des équipes de Prévention spécialisée au programme à mettre en place et à réaliser des conférences-débats auprès des parents et des professionnels intervenant dans les établissements scolaires.
La vérité du délire
- Par AMIEL G.
Introduction :
J‘ai intitulé mon intervention de ce soir : La vérité du délire.
Pour introduire mon propos, je commencerai par dire que j’ai pris quelques libertés. Cela arrive parfois. Oh ! pas énormes non plus, je vous rassure. Si le Dr Pierre Arel vous a parlé en réordonnant cliniquement les premières pages du texte de Freud sur Schreber, vous donnant certaines indications précises de lecture que vous pouvez poursuivre de votre propre chef, je suis de mon côté directement retourné au texte de Schreber lui-même, pour vous en indiquer d’autres. Je ne dépasserai pas les premières pages, tant leur densité est immense. Donc me voici en train d’essayer de vous parler de la psychose autrement – en particulier en ouvrant pour vous la porte de La vérité définitive que le délire recèle.
Élever l’objet à la dignité de la chose
- Par AMIEL G.
Introduction
1895 : Freud rédige l’Entwurf, autrement dit l’Esquisse, dans une adresse transférentielle à Fliess. Ce qui n’est pas indifférent du tout. Il s’agit de l’un des textes de lui que l’on devrait préférer à tous les autres et qui, pourtant, est régulièrement négligé car systématiquement mis de côté comme une archaïque erreur de jeunesse.
Or, la bêtise foncière est de croire qu’il s’agit d’un écrit de neurologue ou de physiologiste. Erreur. Grossière défense pour ne pas entendre de quoi il retourne. Un exemple ? Je cite un bref passage : « La mémoire serait représentée par les différences de frayage (Das Gedächtnisseidargestelltdurch die Unterschiede) » (1), ce que Lacan s’empressera de reprendre à son compte pour définir en quoi réside l’efficace de la fonction du signifiant, comme non pas liée, en effet, à son sens ou à sa signification, mais à sa pure différence d’avec tous les autres. Rappelez-vous la première fois qu’il l’énonce : « Ce qui distingue le signifiant, c’est seulement d’être ce que tous les autres ne sont pas » (2). Ainsi, les neurones dont Freud nous parle ne sont que des métaphores de signifiants, de réseaux et de chaînes tels qu’ils organisent la subjectivité et aussi l’inconscient. Il tente donc par ce texte princeps d’en définir la logique, en une écriture non dénuée de saveur. La question fondamentale de la différenciation à propos des supposés neurones, et qui nous oriente d’emblée dans le champ de la langue et du langage, se réitère d’ailleurs plusieurs fois à d’autres moments clefs de son texte (3).
Langage, parole, discours et blabla
- Par CORON O.
Conférence donnée à Briançon le 16 février 2018 dans le cadre des conférences d’introduction à la psychanalyse
Lorsque Marie-Noëlle m’a proposé d’intervenir ici cette année, assez rapidement m’est venue l’idée de traiter de la parole et du langage, c’est-à-dire des conséquences que cette condition d’être parlant a sur la subjectivité humaine, conséquences qui dépassent de beaucoup le seul fait de communiquer par la parole. Si un psychanalyste est tout indiqué pour aborder la question du langage et de la parole, c’est parce que la pratique analytique implique que l’analyste soit au plus près de celle de son patient. La raison de ce respect est simple : la parole est le seul moyen par lequel un sujet peut faire entendre la vérité de son désir
Yanis ou l’instauration fragile d’une fonction paternelle
- Par AUGER Stéphane
Je vais faire part d’un accompagnement thérapeutique de presque deux ans avec un enfant qui avait, lorsque j’ai commencé à le voir, 5 ans. Ce suivi s’est déroulé à deux endroits, la première année dans un CMP enfants, la seconde année à mon cabinet.
Conférence de Charles Melman à Sainte Tulle - Pense-t-on avec son cerveau ?
- Par MELMAN C.
…en tout cas, pourquoi est-ce que je dois vous parler ? Et je dois là-dessus simplement vous avertir, vous dire, que c’est pour une raison simple et qui est que, si je suis habituellement confiné dans un milieu de spécialistes parmi lesquels je passe mon temps, et mes échanges et mes bavardages, eh bien il m’importe de savoir ce qui peut s’échanger entre citoyens et qui n’appartient pas forcément à la pensée préinscrite, préformée, pré-correcte ; et il me semble, il m’a semblé que la ville de Sainte-Tulle, du fait de son histoire, était particulièrement disposée justement à venir vérifier, tester ce qu’il est possible d’échanger entre citoyens, puisque comme vous le savez, on ne peut pas penser seul, on ne peut penser qu’avec une adresse, et donc éventuellement avec une réponse, qu’elle soit favorable ou contradictoire, peu importe, mais en tout cas ça n’est jamais que dans le dialogue que nous pouvons penser quelque chose.
En ce qui me concerne encore – vous voyez je commence par parler de moi – d’où est-ce que m’est venu cette pensée pour vous proposer un tel titre : Pense-t-on avec son cerveau ? À moi, d’où est-ce que ça a bien pu me venir ? Est-ce que c’est venu justement de mon cerveau ? Est-ce que c’est venu de mes tripes ?
Dora et l’effraction du sexuel
Ce soir je vais vous parler de Dora et de l’effraction du sexuel. Il me semble qu’il y a déjà eu quelques conférences sur ce texte. Je vous suppose connaître le texte de Freud et même de bien le connaître.
Pour ma part, ce soir, j’ai fait le choix de vous parler de la clinique avec les adolescents et peut-être plus particulièrement avec les adolescentes, et je reprendrai certains moments de la cure de Dora pour étayer ce que j’avais envie de vous dire. Autrement dit, je vais laisser un peu de côté la question de l’hystérie bien que nous savons — et il me semble que Françoise Rey l’a rappelé — que la frontière entre une position féminine — je n’ai pas dit LA position mais une position — et l’hystérie est très ténue, nécessitant sans cesse d’être dialectisée.
Il est légitime de se poser la question si Freud n’avait pas justement sous-estimé l’adolescence de Dora. D’ailleurs C. Melman pourra dire que Dora n’était pas prête à recevoir l’interprétation de Freud quand il lui dit qu’elle est amoureuse de Monsieur K. Alors on peut se poser la question : ça veut dire quoi « être prête » ? De quoi s’agit-il au fond ? En tout cas cette formulation a le mérite de faire entendre qu’on ne naît pas homme ou femme, mais qu’on le devient, chacun ayant à faire un parcours afin de trouver les assises nécessaires pour venir prendre place sur la scène de notre monde.
Le discours de l’Hystérique et le burn-out
- Par CHRYSANTHOU E.
Je vais vous parler de la structure des discours, en privilégiant le discours du Maître, qui est l’écriture de la constitution du sujet parlant, et le discours de l’Hystérique qui permet de dégager des faits de structure. Mon propos ce soir est d’apporter un certain éclairage sur ce symptôme nouvellement nommé dans le social : le burn-out.
Lacan dans son séminaire L’envers de la psychanalyse parle de la nécessité du discours, le discours est une structure nécessaire. Un discours ordonne une forme de lien social pour les parlêtres.
Un discours est une organisation, ou une structure langagière spécifique de la relation fondamentale, celle définie d’un signifiant à un autre signifiant, relation fondamentale d’où résulte l’émergence du sujet. C’est pour cela qu’on dit que le sujet est un parlêtre.
DESTINS DE LA MISÈRE HYSTÉRIQUE
- Par AREL P.
Je vous propose ce soir de parler des destins de la misère hystérique. Ce qui mérite — ce titre — quelques explications préliminaires.
Vous savez que Freud termine ses Études sur l’hystérie en s’interrogeant sur les possibilités qu’aurait la psychanalyse de dévier le destin des hystériques et si, en particulier, elle pourrait leur faire abandonner leur misère exceptionnelle pour un malheur banal ? Est-ce que la psychanalyse par le déchiffrage qu’elle permet désormais des symptômes hystériques — là je parle des questions qui se posaient à Freud à la fin de ses Études sur l’hystérie — est-ce que ce déchiffrage peut infléchir le cours pathologique de ces symptômes qui en rajoutent beaucoup aux tourments ordinaires de la vie ? Questions donc que Freud se posait à l’orée du XXe siècle.
Il n’y a pas de technique psychanalytique
- Par CORON O.
Exposé à Briançon, Conférences d’introduction à la psychanalyse en mars 2017
Alors pour commencer, je voudrais vous dire que mon titre n’a absolument pas une volonté de provocation ou de polémique, il ne s’agit pas d’infirmer ce que Freud a essayé de défendre, mais plutôt, et c’est un des axes de ce travail, d’essayer à la fois de vous permettre de prendre la mesure des avancés lacaniennes sur la question de la pratique analytique, mais aussi d’essayer de vous faire entendre que la formule lacanienne « C’est à vous d’être lacaniens, si vous voulez. Moi, je suis freudien. » (Séminaire de Caracas, 1980), est vraiment à prendre au pied de la lettre, c’est-à-dire que la fidélité de Lacan vis-à-vis de l’inventeur de la psychanalyse est une réalité et plus je lis Freud, plus je prends la mesure de ceci. J’espère que cet exposé va témoigner de la façon dont Lacan a su vivifier et enrichir la théorie freudienne et notamment dans le champ de la praxis, comme je vais essayer de vous le faire entendre ce soir.
S’il n’existe pas de théorie lacanienne mais des formalisations, sans cesse repoussées, remises sur le travail par Lacan dans ses séminaires, il existe une théorie freudienne du psychisme au même titre qu’il a posé le cadre d’une technique analytique. Néanmoins, du fait de l’objet qui anime la psychanalyse, l’inconscient, du fait du dispositif de la cure elle-même, l’association libre, toute volonté de standardiser la cure contrevient à son objet même et cela, est présent chez Freud lui-même. Mais Freud, j’insiste, était aussi pris par une volonté de faire école et d’être crédible comme scientifique, il lui fallait donc formaliser un certain nombre de choses.
Do you like ?
- Par Theil Eric
Quelle créativité dans la cour de récréation ! Le nouveau jeu en vogue, entre enfants, c’est « le harceleur ». Il faut être trois : un harceleur, un harcelé, et un sauveur/médiateur qui fait en sorte que cela s’arrange, plus ou moins diplomatiquement selon son style. Parfois il n’y parvient pas, il arrive que cela dégénère quelque peu.
On ne joue plus à « papa-maman ». Mais quelle inventivité pour déjouer les pièges de la bien-pensance académique qui enjoint aux enseignants d’exposer dans chaque classe les rouages et les risques du harcèlement scolaire. Il faut que tout leur soit dit, posé sur la table explicitement au nom de la prévention. On ne compte pas sur la sagacité des adultes ni sur la confiance que leur accordent les enfants. On ne compte pas sur le transfert. Le harcèlement, ce n’est pas évoqué, c’est décrit. Pas de semblant. On parle de la réalité du harcèlement en tant que situation. Il n’y a pas de référence morale, éthique, citoyenne (sauf à l’initiative de l’enseignant). C’est l’acte qui est commenté dans une invite à l’empathie victimaire de bon aloi. C’est d’ailleurs bien entendu par les enfants puisqu’ils se mettent en jeu, dans le champ imaginaire pour amortir les effets du traumatisme.
« Mon beau miroir… » Libido et narcissisme
- Par CORON O.
Exposé Fait à Gap le 20 Avril 2015 dans le cadre des Conférences d’introduction à la psychanalyse
(…) En quoi la psychanalyse serait-elle autorisée à parler du narcissisme ? Après tout, le concept n’est pas freudien et le narcissisme ne se présente pas comme une pathologie à traiter, mais plutôt comme un trait du cas, et qui peut d’ailleurs se réclamer de n’en n’avoir pas ? On pourrait même penser que son absence totale peut être un handicap. Le narcissisme, lorsqu’il est aujourd’hui critiqué, est accolé à un autre terme, celui de pervers ; « Pervers narcissique » étant le terme soit disant scientifique pour désigner aujourd’hui celui que l’on soupçonne de jouir de son pouvoir.
Pour avancer sur cette question, on va partir du mythe grec auquel Freud fait référence, ce mythe, on le trouve chez plusieurs auteurs (Plotin, Pausanias, Pline…), mais la version la plus connue est celle d’Ovide dans les Métamorphoses. Narcisse fils d’une nymphe et d’un fleuve est parti chasser, il est fourbu, il va alors se reposer. Il arrive près d’une mare qui possède une caractéristique, c’est qu’elle est vierge de toute intrusion, rien ne l’a jamais troublé, même pas une branche. Narcisse se penche au-dessus de la mare pour y boire et là, ce qu’il voit il ne le reconnaît pas, dans son reflet il voit un autre et il en tombe amoureux, « il est dupe » dit Ovide. Soudain il se rend compte que c’est lui, il est sidéré et il brule d’amour pour lui-même. C’est le déchirement, parce qu’en réalisant cela il réalise qu’il ne pourra jamais séparer cette image de son corps pour l’aimer et faire du deux, ne pouvant faire du deux il fera alors du UN dans la mort, il se transformera en fleur, le narcisse.
Chapitre 4 "psychothérapie de l'hystérie" in Les études sur l’hystérie de Freud
Introduction à la psychanalyse à propos de l'hystérie
J’ai pris le parti de vous parler du dernier chapitre de cet ouvrage publié par Freud qui s’intitule Etudes sur l’Hystérie. En fait, il faut bien savoir au départ que dans cette lecture que j’espère vous avez faite, vous assistez à la création de l’œuvre de Freud et à la création de la méthode analytique. C’est l’intérêt de ce chapitre rédigé par Freud. Vous avez pu remarquer que l’ensemble n’a pas été publié primitivement, qu’il y avait un chapitre intitulé « Sur les mécanismes psychiques des phénomènes hystériques », lequel texte date de 1892, alors que le recueil que vous connaissez date de 1895. Les histoires cliniques des malades avaient été publiées ultérieurement séparément.
A propos de la représentation avec les Etudes sur l’hystérie
- Par JANIN DUC D.
Introduction à la psychanalyse à propos de l'hystérie
Parmi les apports freudiens et les concepts qui se trouvent à l’œuvre dans ces Etudes sur l’Hystérie, je souhaite mettre l’accent ce soir sur celui de représentation.
La représentation, qui ouvre sur la question de la mémoire, de l’inscription des traces mnésiques, du lien avec le corps et les affects et avec la parole, me paraît centrale, et d’une actualité renouvelée, comme vous le verrez.
Dans leur introduction commune, Breuer et Freud écrivent : « A notre très grande surprise, nous découvrîmes en effet que chacun des symptômes hystériques disparaissait immédiatement et sans retour (la suite des traitements obligera Freud à revenir sur cette idée de sans retour) quand on réussissait à mettre en pleine lumière le souvenir de l’incident déclenchant, à éveiller l’affect lié à ce dernier, et quand, ensuite, le malade décrivait ce qui lui était arrivé de façon fort détaillée et en donnant à son émotion une expression verbale. Un souvenir dénué de charge affective est presque toujours totalement inefficace. » (J’ajouterai : pour l’hystérie, car dans la névrose obsessionnelle, comme nous l’avons vu l’an dernier, cela ne se passe pas de la même manière du fait du mécanisme d’isolement.)
(pas) Dans le bon sens
- Par Theil Eric
Dans les institutions qui sont dédiées à la prise en charge d’enfants en difficulté, il semble que nous soyons tous aux prises avec des problèmes de mise en place d’un cadre opérant, tout au moins pour certains enfants. Ce n’est pas nouveau, on pourrait même dire, dans une certaine mesure, que c’est là l’essence même de notre travail dans ce type de structure : trouver un cadre dans lequel quelque chose puisse se dire pour un enfant, par ailleurs coincé dans ses angoisses, ses défenses, ses répétitions.
Tout de même, lorsque nous échangeons entre collègues, nous partageons largement le même constat de difficulté. La plupart des structures éducatives ou soignantes que j’ai pu interroger indiquent qu’elles ont dû se résoudre à mettre en place de plus en plus de « temps individuels », selon la formule consacrée, pour prendre en charge malgré tout, ces enfants récalcitrants.
Re-tours sur la névrose obsessionnelle
- Par CHECA F.
Le 12 décembre 2015 nous avons tenu une journée d’échange qui a été l’aboutissement de quatre années d’étude du séminaire de Charles Melman La névrose obsessionnelle.
Au terme de ce travail de lecture, nous pouvons avancer que la richesse de ce séminaire de Charles Melman nous a enseignées et ouvertes à de nouvelles questions tant à propos de la névrose obsessionnelle proprement dite, mais aussi sur son accointance avec ce social mené par le discours du capitaliste. Il nous a aussi permis d’avancer nos interrogations sur le versant féminin de cette névrose ou des symptômes qui en relèveraient.
D’autres groupes se sont également attelés à cette lecture et notamment à Chambéry.
Enfin, les conférences de l’introduction à la psychanalyse 2014-2015 portait sur la névrose obsessionnelle. L’homme aux rats (journal d’une analyse de Freud), et les apports du séminaire de Charles Melman constituaient les textes des groupes de lecture.
Alors s’il n’y a pas de dernier mot, une ponctuation à ces différents travaux nous a paru s’imposer. Exercice de mise en commun des questions qu’elles n’auront, pour chacun d’entre nous, pas manqué de susciter.
Les quelques textes que nous avons réunis dans ce dossier rendent compte des questions que leurs auteurs ont souhaité venir soumettre aux autres participants, supports d’échanges entre les différents protagonistes : les étudiants, les conférenciers qui ont bien voulu être discutants tout au long de cette journée, les animateurs des groupes de lectures pour l’initiation à la psychanalyse ; les personnes ayant participées aux différents groupes de travail sur ce thème, et tous ceux intéressés.
Il ne nous a pas été possible de reprendre la teneur des débats qui se sont engagés, cela est fort dommage d’autant plus ce cette journée fût une réussite tant du point de vue de la qualité du travail qui s’y est engagé que du défi de transmission qu’elle a relevée.
Nous en profitons pour remercier tous ceux qui y ont contribué et participé. Plus particulièrement parmi eux, nos remerciements s’adressent aux conférenciers de l’initiation à la psychanalyse sans qui cette journée n’aurait sans doute pas atteint aussi sérieusement ses objectifs.
Françoise Checa et Annie Delannoy
L’homme aux rats, journal d’une analyse ou « Dis-moi qui tu pries, je te dirais qui tu es »
- Par NGO TON SANG B.
Communication de la journée du 12 décembre 2015 re-tours sur la névrose obsessionnelle
Vous allez certainement entendre « tu es » autrement que ce que je l’ai écrit.
Qu’est-ce donc que la prière ? Pourquoi l’être humain prie ? La prière c’est tendance !
« Prier pour la terre », « Pray for Paris », « Priez pour moi ! », « Je vous en prie ! »
En travaillant sur le livre de l’homme aux rats j’ai été frappée par les prières qu’il composait et dont il parlait avec Freud.
La névrose obsessionnelle - La Haine
- Par DREVON MC
Communication de la journée du 12 décembre 2015 re-tours sur la névrose obsessionnelle
Je vous propose d’aborder le sujet de la haine dans la névrose obsessionnelle à partir de notre lecture du séminaire de Charles Melman, lecture enrichie de nos questionnements, de nos commentaires. Mon propos s’inaugure par une remarque issue de la vie quotidienne, à laquelle Melman nous invite à réfléchir dans les toutes premières leçons de son séminaire.
Voici, ce qu’il a entendu à la télévision « Mon père qui a 85 ans est solide comme un roc, Dieu merci ! ». Comment, dit-il, ne pas entendre ce merci adressé à Dieu comme une réponse explicite à un vœu de mort implicite. Car si ce vœu ne s’était pas présentifié, cette formule nous aurait nous-mêmes surpris, nous aurait paru superflue, incongrue. Ce que nous comprenons c’est que cette formule à valeur dénégative, du style « Surtout, surtout, n’y voyez pas, n’y entendez aucun vœu de mort, bien sûr ! » Cette formule à valeur dénégative exprimée par le locuteur était aussi attendue par l’auditoire, sinon, sans elle, il aurait flotté vraisemblablement un certain malaise dans l’assemblée. C’était donc aussi bien du côté du locuteur que du côté de l’auditoire, qu’était attendu ce « Dieu merci ! ».
Le transfert dans la cure de l’homme aux rats
- Par LEGON V.
Communication de la journée du 12 décembre 2015 re-tours sur la névrose obsessionnelle
Dans le cadre de l’introduction à la psychanalyse, j’ai pu lire Le journal d’une analyse de Freud, celle de l’homme aux rats. Je ne connaissais pas cet ouvrage. Ces notes de Freud sont très intéressantes. Elle apporte une lecture singulière à la fois du cheminement de Freud dans sa théorie, dans sa technique notamment concernant la question du transfert qui va se déployer au fil des séances. J’ai également pu grâce aux conférences et au groupe de travail ainsi qu’à la lecture du séminaire de Charles Melman sur la névrose obsessionnelle, un peu mieux appréhender une lecture plus lacanienne de la névrose obsessionnelle. Celle-ci permet de se dégager d’une lecture seulement œdipienne du côté du roman familial d’Ernst Lanzer et d’aborder la question du signifiant dans la cure et la logique particulière de la pensée obsessionnelle.
Avec L’homme aux rats, Freud va travailler la question du transfert à travers ses notes durant la cure, notes qui seront publiées dans Le journal d’une analyse. A contrario, dans l’analyse de Dora où Freud ne prendra pas la mesure du transfert de son analysante, son insistance aboutira à l’arrêt de la cure. Ces notes de Freud prises après les séances, nous permettent d’être un peu avec Freud et son patient et d’entendre ce qui se passe pour l’analyste et l’analysant.
La filiation dans la névrose obsessionnelle
- Par DE OLIVEIRA E.
Communication de la journée du 12 décembre 2015 re-tours sur la névrose obsessionnelle
Je me suis posé la question de la filiation dans la névrose obsessionnelle et je vais tenter de vous présenter comment Charles Melman avance sur cette question au long de son séminaire de 1987-1988 et 1988-1989.
Charles Melman nous dit que la névrose est ce qui arrive à un sujet qui se défend contre la castration. Le choix de la névrose, n’est pas une question d’anatomie, différemment de ce que Freud a pu suggérer : il est donc tout à fait légitime de reprendre que la castration ne se présente pas de la même manière pour le petit garçon et la petite fille ; dans le cas du petit garçon, c’est celle de la mère qu’il refuse, contre laquelle il s’insurge, parce que c’est dans l’Autre d’abord que le petit névrosé veut colmater la castration. Chez le garçon, c’est dans la mesure où il défend sa mère contre ce destin qu’il devient un obsédé. Alors que chez la petite fille à vocation hystérique, c’est la castration du père mort qui est refusée, du père symbolique.
La névrose obsessionnelle et le féminin
- Par GEBELIN A.
Communication de la journée du 12 décembre 2015 re-tours sur la névrose obsessionnelle
Comme cela a été dit une des questions de départ est celle de l’électivité de cette névrose quant au sexe. Si on en connaît l’électivité masculine, nos questions au départ de ce groupe de travail venaient interroger cette électivité du fait d’une recrudescence dans la clinique de femmes ou de petites filles semblant organiser leur rapport au monde sur un mode obsessionnel.
J’ai donc souhaité reprendre cette question à partir de mon étonnement : dans le séminaire de Charles Melman se pose peu la question de cette symptomatologie rapportée aux femmes.
Névrose obsessionnelle féminine ?
- Par LETUFFE G.
Communication de la journée du 12 décembre 2015 re-tours sur la névrose obsessionnelle
Si nous partons de la dissymétrie des deux champs déterminés par l’instance phallique, c’est-à-dire un champ situé côté mâle, tout phallique et l’autre côté femme, pas-tout phallique, espace infini bordé par le phallus d’un côté et ouvert de l’autre, S1 d’un côté et S2 de l’autre pour faire vite, avec entre les deux cet incommensurable, ce hiatus du Réel impossible à symboliser, la névrose obsessionnelle, nous dit Charles Melman, tendra et tiendra à se situer ni d’un côté ni de l’autre mais essaiera de tenir ensemble les deux, S1 et S2.
Aussi sa position sexuée est bien ambiguë dans le fait de non vouloir renoncer à l’objet a relatif au côté femme. De plus, sa tentative d’annulation de l’instance phallique, (Charles Melman parle même de forclusion) en y substituant l’objet anal ne peut qu’obscurcir sa position sexuée, instance revenant du Réel sous forme injonctive (et non dans le Réel comme dans la psychose) et directe (non inversée) qui va se négativer dans un deuxième temps (Ne pas rendre les trois florins…)
Objet et corps, quel rapport ?
- Par CHECA F.
Communication de la journée du 12 décembre 2015 re-tours sur la névrose obsessionnelle
J’ai choisi d’axer mon propos sur la question de l’objet et de son lien avec corps dans la névrose obsessionnelle. Quelle est la nature de cet objet ?
Signifiant présent d’emblée dans le texte de Freud relatant la cure de son patient, l’homme aux rats : c’est la perte d’un objet qui va déclencher les symptômes obsessionnels, le lorgnon.
Signifiant qui se décline différemment suivant ce qu’il désigne : perte apparemment occasionnelle nous dit Charles Melman d’un instrument qui n’est pas anodin puisqu’il est celui de la pulsion voyeuriste, pulsion qui comme nous le savons a tourmenté très tôt le petit Ernst. C’est donc l’objet regard qui apparaît là en ce début de cure.
L’organisation moderne de notre société rend-elle obsessionnel ?
- Par SÉGAUD P.
Communication de la journée du 12 décembre 2015 re-tours sur la névrose obsessionnelle
Ce titre un peu provocateur qui peut sembler excessif tend à faire entendre une sorte de contexte social pouvant induire des troubles chez des personnes qui auraient une prédisposition naturelle à l’obsessionalité. La question est donc : certains aspects modernes de la gestion du travail vont-ils, si vous êtes prédisposé(e), vous mettre en position difficile ?
Dernièrement je me suis trouvé confronté à des patients compétents dans leur métier et devant parallèlement répondre à une organisation de leur travail faite par des outils informatiques.
Les deux pratiques étant par moments incompatibles, ils se trouvaient déstabilisés. Devant obéir à deux maîtres, leur devoir professionnel d’une part et l’obligation protocolaire émanant d’un logiciel. Ils ont vu alors leurs compétences mises en doute, se sont mis à hésiter entre plusieurs tâches à faire. Vu la sorte de procrastination dans laquelle ils étaient, ils ont vu leur efficacité au travail baisser et bien sûr, se sont mis à douter d’eux-mêmes, à avoir des troubles de l’humeur et à penser qu’ils ne valaient plus rien…
« La psychosomatique c’est la maladie de l’obsessionnel ». Comment pouvons-nous entendre cette assertion de Charles Melman qu’il qualifie lui-même d’étrange ?
- Par DRANSART A.-M.
Comment est-il possible de dire que les manifestations psychosomatiques éclairent la manière dont le corps est pris dans la névrose obsessionnelle ?
Cela fait plusieurs séances que vous travaillez sur la question de la névrose obsessionnelle vous pouvez, déjà, en parcourir certains traits. J’ai choisi, compte tenu du travail que nous avons en route au niveau du CHU, et en référence avec les propositions de Charles Melman(1), de vous parler, à ce propos, de la manière dont le corps propre est pris dans cette névrose. Charles Melman apporte un éclairage tout à fait intéressant en ce qui concerne les manifestations, ou plutôt les phénomènes psychosomatiques. Je vais, donc, essayer de vous parler aujourd’hui de cette structure particulière, cette structure discursive. C’est-à-dire de la manière dont cela se dispose dans la demande et dans le désir, c’est-à-dire dans les lois du langage.
La compulsion de répétition et la pulsion de mort, entre Réel et Symbolique
- Par CHRYSANTHOU E.
Conférence pour l'introduction à la psychanalyse
Je vais vous parler de la compulsion de répétition et de la pulsion de mort telles que Freud les repère dans Au-delà du principe de plaisir qui date de 1920. C’est une avancée majeure dans le travail de théorisation de Freud, comme toujours guidé par la clinique et les points de butée qu’il rencontre dans sa pratique, et c’est pour cela que ce texte nous intéresse et aussi parce que s’ouvre la question de quoi est fait l’inconscient. Avant Au-delà du principe de plaisir Freud avait mis en place ce que l’on appelle la première topique freudienne, dont le recueil de textes intitulé Métapsychologie de 1915. Je le reprendrai rapidement pour suivre le fil de l’élaboration freudienne.
Le transfert chez l’homme aux rats
- Par CHIARI A.
Conférence pour l'introduction à la psychanalyse
J’ai choisi de vous proposer un parcours chronologique, historique, de la question du transfert et particulièrement du transfert dans l’analyse de Ernst Lanzer dit L’homme aux rats en suivant quelques éléments spécifiques du récit de la cure qui se trouve dans ce Journal d’une analyse. Cette cure débute le 1er octobre 1907, pour une durée de onze mois ; c’est la troisième cure pour Freud d’un patient obsessionnel, et elle sera un succès thérapeutique. Nous avons à travers ce Journal, le relevé méthodique — c’est en fait un document extrêmement précieux, très vivant — des quatre premiers mois du traitement, où se trouvent articulés à la fois les dires du patient, le déroulement des séances, les élaborations et certaines interventions de Freud qu’il fait à cette occasion.
La mort est un acte manqué
- Par CACCIALI J.-L.
Conférence pour l'introduction à la psychanalyse
La mort est bien sûr une grande énigme de l’existence humaine, et pourtant nous ne pouvons pas en dire grand-chose puisqu’il faudrait l’avoir traversée pour en dire quelque chose. Donc de notre propre mort il est impossible d’en dire quelque chose.
Et aujourd’hui malgré les développements de la science, il est toujours difficile de dire quand quelqu’un est mort. On le voit dans l’actualité, vous avez pu voir l’affaire, je dis l’affaire, parce que c’est devenu une affaire, que pour Mr Lambert, la médecine dit « il est mort », le droit dit « il est mort » et il y a une vidéo qui dit « il n’est pas mort ». Après le jugement de la Cour européenne la famille a fait une vidéo, où il y avait des manifestations de cet homme, et la famille dit : « alors il n’est pas mort », donc elle va faire appel. N’allons pas plus loin, mais contrairement à ce que l’on pourrait naturellement penser, il est difficile aujourd’hui de dire quand quelqu’un est mort. Dans ces comas prolongés, la décision est souvent difficile.
La dette dans la Névrose Obsessionnelle
- Par AMIEL G.
Conférence pour l'introduction à la psychanalyse
Introduction
Comme vous avez pu lire attentivement, j’espère, le cas de l’Homme aux Rats de Freud autour duquel tourne l’ensemble des interventions de cette année pour l’ICP, nous allons pouvoir entrer d’emblée très rapidement ce soir dans le vif de mon propos et essayer de faire un pas de plus avec vous, sur les questions de la particularité de la dimension de la dette, dans la névrose obsessionnelle.
Pour ce faire, j’ai dû croiser plusieurs sources, quatre textes de Freud exactement. Le cas de l’Homme aux Rats publié en français dans les Cinq Psychanalyses (PUF) ; le même texte publié à l’origine en allemand Bermerkungen über einen Fall von Zwangsneurose (Studienausgabe, Volume VII, S. Fischer) ; le même texte encore publié en anglais Notes upon a case of Obsessional Neurosis (Standard Edition of the Complete Psychological Work of Sigmund Freud, Vintage, The Hogarth Press, Volume X) et enfin en publication bilingue allemand/français L’Homme aux Rats, Journal d’une Analyse (PUF).
Lien spécifique de l’angoisse à l’idée de mort dans la névrose obsessionnelle
Conférence d'introduction à la psychanalyse 2014-2015
Je vous ai proposé, pour ce soir, ce titre du lien spécifique de l’angoisse avec l’idée de mort dans la névrose obsessionnelle. Évidemment, vous avez en première impression, sans doute, qu’il s’agit de manifestations communes de cette clinique de la névrose obsessionnelle. En fait ce qui est contenu dans le titre est bien la relation à la fois consciente et inconsciente qui existe dans la névrose obsessionnelle et qui est là, comme je vais essayer de vous l’expliciter, spécifique à la névrose obsessionnelle. Il faut savoir que cette clinique de la névrose obsessionnelle a été décrite par Freud d’une façon tout à fait magistrale pour la raison bien simple que cette pathologie est véritablement démonstrative de la manière dont elle est dictée par le signifiant. Dans la névrose hystérique c’est beaucoup plus masqué que dans la névrose obsessionnelle.
AMOUR INFINI ET DÉSIR IMPOSSIBLE
- Par AREL P.
Conférence pour l'introduction à la psychanalyse
Une petite remarque préliminaire : je vais vous parler de la névrose obsessionnelle, et comme vous l’entendrez dans mon propos, j’en parlerai beaucoup plus comme la névrose obsessionnelle au masculin ; mon propos aurait mérité d’autres développements pour traduire un certain nombre de choses au féminin, sachant que — puisque nous travaillons plus particulièrement cette année sur l’observation de l’Homme aux rats — au temps de Freud la névrose obsessionnelle était beaucoup plus marquée du côté masculin. Il semblerait que là aussi il y ait une parité qui soit en cours d’effectuation. Et d’ailleurs je vous en dirai un petit mot de cet égalitarisme, mais néanmoins du coup vous pourrez corriger chaque fois, ou je le ferai, à certains moments sur ce point, que je parlerai plus particulièrement de la névrose obsessionnelle du côté masculin.
La Psychanalyse en Irlande, une prolongation de la guerre civile ?
- Par SHEENAN Helen
Le 3 décembre 1921, devant l’ultimatum du Premier ministre anglais, Lloyd George et la menace d’une guerre dans les trois jours, un Traité fut signé à Londres entre une délégation irlandaise et le gouvernement britannique.
Ce Traité a plusieurs significations. Ce n’est pas la peine de remonter jusqu’à 1541 quand Henry VIII a pris le titre de Roi d’Irlande ; en effet, l’Irlande faisait partie de la couronne anglaise depuis la conquête du pays au XIIe siècle. Mais, ce changement de titre a signifié une soumission totale aux lois de la couronne anglaise.
C’était il y a longtemps. Comme vous vous en doutez, je n’étais pas là à cette époque mais, et comme le dit James Joyce, « l’histoire est un cauchemar dont j’essaie de me réveiller » !
Mais ce Traité de 1921 me concerne directement ainsi que les personnes avec qui je travaille. Il concerne nous tous qui vivons en Irlande. Rappelons ce que dit Lacan : trois générations suffisent pour comprendre notre propre histoire.
Donc, pour être bref, la lutte a duré longtemps. Mais deux grandes guerres impliquant la Grande-Bretagne, la guerre des Boers à la fin du XIXe siècle et la Première Guerre mondiale, ont profondément changé la politique irlandaise. La guerre des Boers a transformé une opinion irlandaise modérée en un mouvement d’anti-impérialisme et a ainsi produit une cause active contre le gouvernement. La Guerre de 14-18 en Europe a changé la politique irlandaise de façon radicale.